La Marseillaise, qui était à l’origine un chant de guerre révolutionnaire et un hymne à la liberté, est devenue l’hymne national de la République française en 1795. Cet hymne, dont les couplets ont été plusieurs fois modifiés au cours de son histoire, accompagne aujourd’hui la plupart des manifestations officielles et des événements sportifs.

En 1792, suite à la de la déclaration de guerre du Roi à l’Autriche, le capitaine Rouget de Lisle en poste à Strasbourg, compose dans la nuit du 25 au 26 avril, le “Chant de guerre pour l’armée du Rhin” a la demande du Baron de Dietrich alors maire de Strasbourg .Ce chant est repris par les fédérés de Marseille participant à l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792. Son succès est tel qu’il est déclaré chant national le 14 juillet 1795.Interdite sous l’Empire et la Restauration, la Marseillaise est remise à l’honneur lors de la Révolution de 1830 et Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle. La IIIème République (1879) en fait un hymne national et en 1887, une “version officielle” est adoptée par le ministère de la guerre après avis d’une commission.
Le texte est fortement inspiré d’une affiche apposée à l’époque sur les murs de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution, qui commence ainsi : « Aux armes citoyens, l’étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Aux armes citoyens… Marchons… » L’expression les « enfants de la Patrie » ferait référence aux engagés volontaires du Bas-Rhin, dont faisaient partie les deux fils du maire. Un parent de Rouget de Lisle rapporte qu’il aurait affirmé, lors d’une réunion, s’être inspiré d’un chant protestant de 1560 exécuté lors de la conjuration d’Amboise. Enfin, certains ont suggéré que Rouget a pu songer à l’ode de Nicolas Boileau « sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France ».
La cinquième strophe évoque les « complices de Bouillé », général en chef de l’armée de Sarre et Moselle de 1790 à 1791, à qui on reproche alors son rôle dans l’affaire de Nancy et la fuite de Varennes. Rouget de Lisle écrit le chant neuf jours seulement après la libération, le 15 avril, des Suisses de Nancy emprisonnés à Brest. De son côté, le Courrier de Strasbourg du 4 septembre 1792 a imprimé « les complices de Condé ». Puis, le 5 décembre, François Boissel propose au club des Jacobins de remplacer le vers par « Mais ces vils complices de Motier ».
Le septième couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté en octobre 1792 par Gossec lors de la représentation à l’Opéra de « l’Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais » ; le poète normand Louis Du Bois et l’abbé Antoine Pessonneaux en ont revendiqué la paternité, qui a également été attribuée à André Chénier ou à son frère Marie-Joseph.
L’origine de la musique est plus discutée, puisqu’elle n’est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle).
En 1861, les journaux allemands ont prétendu que La Marseillaise était l’œuvre de Holtzmann, maître de chapelle dans le Palatinat (on a parlé du Credo de la Missa solemnis no 4), mais ce n’était qu’un canular. L’air du début de l’Oratorio Esther, de Jean-Baptiste Lucien Grisons intitulé « Stances sur la Calomnie » a été évoqué; mais Hervé Luxardo dit que l’air en question a été introduit postérieurement. La première phrase « allons enfants de la patrie » apparaît dans deux trios, La Flûte enchantée et l’allegro maestoso du concerto pour piano no 25 (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart.
De son côté, le prince Michel de Grèce évoque une parenté avec l’hymne des Wurtemberg joué chaque jour dans la principauté de Montbéliard qu’ils possédaient, air que devait connaître la femme de Dietrich, Sybille Ochs, qui était d’origine bâloise. Or cette dernière, excellente musicienne, a travaillé à orchestrer la Marseillaise. Jean Béraud, La Marseillaise, 1880
Même si André Grétry juge que « l’air des Marseillais a été composé par un amateur qui n’a que du goût et ignore les accords », d’autres comme Louis Garros et Philippe Barres avancent qu’il peut s’agir d’Ignace Joseph Pleyel, par ailleurs compositeur de L’Hymne de la liberté, dont Rouget de Lisle a écrit les paroles. Toutefois, il est absent de Strasbourg en décembre 1791 pour diriger les « Professional Concerts » à Londres, où il va résider jusqu’en mai 1792.
Plus tardivement, en 1863, François-Joseph Fétis prétend que Guillaume Navoigille est l’auteur de la musique. Mais peu après, sous la menace d’un procès, il se rétracte et reconnaît avoir été mystifié.
Le chant de la Marseillaise
— Couplet n°1
Allons enfants de la Patrie, Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie, L’étendard sanglant est levé, ( bis ) Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Égorger vos fils, vos compagnes !
— Refrain
Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu’un sang impur Abreuve nos sillons !
— Couplet n°2
Que veut cette horde d’esclaves, De traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves, Ces fers dès longtemps préparés ? ( bis ) Français, pour nous, ah ! quel outrage Quels transports il doit exciter ! C’est nous qu’on ose méditer De rendre à l’antique esclavage !
— Couplet n°3
Quoi ! des cohortes étrangères Feraient la loi dans nos foyers ! Quoi ! ces phalanges mercenaires Terrasseraient nos fiers guerriers ! ( bis ) Grand Dieu ! par des mains enchaînées Nos fronts sous le joug se ploieraient De vils despotes deviendraient Les maîtres de nos destinées !
— Couplet n°4
Tremblez, tyrans et vous perfides L’opprobre de tous les partis, Tremblez ! vos projets parricides
Tremblez ! vos projets parricides Vont enfin recevoir leurs prix ! ( bis ) Tout est soldat pour vous combattre, S’ils tombent, nos jeunes héros, La terre en produit de nouveaux, Contre vous tout prêts à se battre !
— Couplet n°5
Français, en guerriers magnanimes, Portez ou retenez vos coups ! Épargnez ces tristes victimes, À regret s’armant contre nous. ( bis ) Mais ces despotes sanguinaires, Mais ces complices de Bouillé, Tous ces tigres qui, sans pitié, Déchirent le sein de leur mère !
— Couplet n°6
Amour sacré de la Patrie, Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie, Combats avec tes défenseurs ! ( bis ) Sous nos drapeaux que la victoire Accoure à tes mâles accents, Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire !
— Couplet n°7
Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n’y seront plus, Nous y trouverons leur poussière, Et la trace de leurs vertus, ( bis ) Bien moins jaloux de leur survivre, Que de partager leur cercueil, Nous aurons le sublime orgueil, De les venger ou de les suivre
Le septième couplet, dont l’auteur reste à ce jour inconnu, a été ajouté en 1792.
Rouget de Lisle n’ayant écrit que six couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.
Dans son ouvrage posthume Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », paru en 1936, G. Lenotre rapporte la rumeur viennoise traditionnelle, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné. Selon lui, l’abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu’il n’évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu’il fit chanter par les élèves lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon — le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre —, l’abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l’auteur du septième couplet de La Marseillaise. L’abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
Un autre personnage, Louis Du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, en a clairement revendiqué la paternité dans sa Notice sur La Marseillaise publiée en 1848 : « Au mois d’octobre 1792, j’ajoutai un septième couplet qui fut bien accueilli dans les journaux : c’est le couplet des Enfants, dont l’idée est empruntée au chant des Spartiates, rapporté par Plutarque ». Cette revendication est également mentionnée par Claude Muller.
Il existe aussi huit couplets supplémentaires qu’on peut lire dans Wikisource. On peut mettre en évidence[interprétation personnelle] le 11e couplet qui parle de l’Europe et le 15e et dernier couplet, qui est le deuxième couplet adressé aux enfants. Il semble difficile de connaître là aussi avec certitude l’auteur ou les auteurs de tous ces couplets.
L’article 2 de la Constitution de la République française affirme : « l’hymne national est La Marseillaise ».
Le 24 janvier 2003, l’ensemble des députés adopte, dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d’« outrage » au drapeau français et à l’hymne national, La Marseillaise, délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d’amende. Un certain nombre de citoyens et d’associations de défense des droits de l’homme se sont insurgés contre ce qu’ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d’expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage »
Le Conseil constitutionnel en limite les possibilités d’application :
« […] Sont exclus du champ d’application de l’article critiqué les œuvres de l’esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l’expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s’entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d’hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu’elles accueillent61. »
La loi Fillon, visant à réformer l’éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l’apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005. On retrouve l’obligation d’enseigner l’hymne national dans d’autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.
Source: Wikipedia